Sénèque, De la vie brève, chapitre 18 - a podcast by François LOZET

from 2020-05-07T07:00

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Ecartez-vous donc de la fouleTrès cher Paulinuset après que vous avez été lancé dans l’espace de votre vieQu’un port plus tranquille vous recueille enfin



Songez à combien de fois vous avez bravé les flotsCombien vous avez supporté de tempêtes privées Ou quand elles étaient publiques combien de tourmentes vous avez pris sur vousVotre vertu s’est suffisamment montrée dans le travail et l’anxiété Faites l’expérience de ce qu’elle peut faire dans le reposEt si la plus grande et meilleure part de vos jours a été consacrée aux choses publiquesGardez-en aussi un peu pour vousCe n’est pas vous inviter à un repos fait d’inertie ou de négligence Ce n’est ni dans le sommeil ni dans les plaisirs adorés de la foule que je veux plongerCe qu’il y a en vous de vivacité d’âme Vous n’allez pas vous reposerVous allez trouver des affaires plus grandes encore que tout ce que vous avez eu à faire jusque ici Et qui seront à traiter loin des tracas et des soucis



Vous administrez les revenus de l’univers avec le désintéressement qu’exigent les revenus d’autruiEt avec autant de zèle que si c’étaient les vôtresAussi religieusement que si c’étaient ceux de l’Etat Vous savez attirer l’affection dans une position où il est difficile d’éviter la rancœurEt pourtantCroyez-moimieux vaut s’occuper à régler les comptes de sa vie que ceux des comptes publics Cette force d’espritcapable des plus grandes choses Cessez de la consacrer à un ministèrehonorable sans doutemais peu apte à rendre une vie heureuse(appliquez-la désormais à vous-même)Et songez que si vous vous êtes dévoué assidûment depuis l’enfanceA de nobles études Ce n’était pas pour devenir le gardien fidèle De plusieurs milliers de mesures de bléVous promettiez de plus grandes et de plus hautes espérances



On ne manque pas d’hommes qui joignent au goût du travail une intégrité scrupuleuseParce qu’elle est lente la bête de somme est plus à mêmede porter un fardeau que des chevaux de raceQui oserait ralentir une vive et généreuse allure sous une lourde charge ?  Imaginez en plus combien de soins entraîne cette responsabilitéC’est à l’estomac de l’homme que vous avez à faireUn peuple affamé n’entend pas raisonEt l’équité ne saurait ni le calmerni les prières le fléchirIl y a peuDans les quelques jours qui suivirent immédiatement la mort du César CaligulaEt si jamais on puisse conserver aux Enfers un sentimentCombien il devait regretter de laisser le peuple romain lui survivreIl ne restait de subsistances que pour 7 ou 8 joursEt tandis qu’il construisait des ponts en assemblant des naviresEt qu’il se faisait un jouet des puissances de l’EmpireNous étions proches de subir le dernier des malheursLe même que pour des assiégésLa famineLa famine et la ruine de toutes choses Qui en est la conséquence   Voilà ce que coûtaitCette imitation malheureuse et superbeD’un roi fou et étranger



Dans quelle situation d’esprit durent être les magistrats chargés des approvisionnements publics !Menacés par le fer des pierres ou du feu Par Caligula mêmeIls prirent grand soin de dissimuler le mal qui couvaitC’était agir sagementIl y a des malades qu’il faut soigner en les tenant dans l’ignorance de leur malBeaucoup sont morts de l’avoir connu

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