La traversée de la Manchette - a podcast by Radio Nova

from 2020-06-05T17:08:43

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Hommage gouaille à l’auteur anarcho-marxiste de « Fatale » tandis que sa correspondance inédite se dévoile, assortie d’une réédition de ses chroniques ludiques et cinématographiques. Avec les témoignages énamourés de Nicolas Mathieu, Joseph Ponthus et Christophe Siébert. 

« L’auteur par lui-même ? Né le 19 décembre 1942 à Marseille, dans la classe moyenne. Enfance et première jeunesse à Malakoff (Hauts-de-Seine). Etudes secondaires au lycée Michelet. Etudes supérieures d’anglais et d’histoire-géographie à Paris. Pas de diplômes. À l’époque et par périodes : auto-stoppeur longue distance, pompiste, instituteur, assistant de français dans un collège pour aveugles en Angleterre, militant néo-bolchévik, contrebassiste et saxophoniste (alto), cinéphile (…) De 1965 à 1970, effectue des travaux d’écriture très divers : films libidineux, synopsis, retapage de scénarios, négrifications, adaptations littéraires de films, télévision scolaire, prières d’insérer, romans d’aventures pour adolescents, romans pornographiques, films pour la prévention des accidents du travail, et nombreuses traductions, seul ou en collaboration avec sa femme traductrice. »

Pour les veinard.e.s qui n’auraient jamais entendu parler de ce sympathique personnage ni même jeté un œil de verre au moindre de ses écrits, les éditions de la Table Ronde viennent de livrer le meilleur bulletin météo de ce printemps si bizarre : Lettres du mauvais temps, soit la correspondance inédite de Jean-Patrick Manchette, excellente porte d’entrée dans l’univers de l’auteur de Fatale (1977), du Petit bleu de la côte Ouest (1977) ou de La Position du tireur couché (1981), traducteur de la BD Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons, reconnu comme le principal rénovateur du polar français des années 70 et 80, théoricien brillant et gouailleur de la littérature de genre et plutôt « incapable d’être un citoyen obéissant ».

« Après 1970, publie des romans dans la Série Noire (…) Est considéré comme « gauchiste » (…) Se réfère aussi vivement à la vieille tendance « réaliste-critique » du roman noir américain, étant entendu qu’elle a changé de fonction et de théâtre. Au reste, pense que le roman a depuis un bout de temps fini de donner tout ce qu’il pouvait donner, et cherche seulement à distraire ses amis. Aime : les jeux (à l’exclusion des jeux d’argent) ; le cinéma hollywoodien ; le jazz ; la pensée allemande ; l’entrecôte. »

Plus de 500 pages de courriers jamais banals, édités avec soin, chouettos et chaleureux comme un vieux pote qu’on retrouve ou qu’on rencontre pour la première fois, dans lesquelles l’agoraphobe au fume-cigarette défenestre les récits horrifiques de Stephen King (et « leur absence de finalité ; faire frissonner, voilà tout »), complimente Jean Echenoz pour Cherokee (« tout ce bordel se tient », « comme un château de cartes qui serait une brique ») et crée un bref mouvement d’intervention politico-dada nommé Banana, qui consistait à manger lentement des bananes en public avant de les jeter sous les pieds des flics afin de protester contre les violences

policières ; spécifiquement, contre l’assassinat d’un adolescent noir dans un commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris en avril 1993.

En parallèle, la même maison réunit pour la première fois en recueil Play it again, Dupont, ses chroniques ludiques sur tous types de jeux (vidéo, de plateau, de société), extraordinairement précises et marrantes, publiées dans le magazine Métal Hurlant de 1978 à 1980 sous le pseudo de Général-Baron Staff. Et ça ne suffisait pas côté boutons de Manchette, les éditions Wombat rouvrent Les Yeux de la Momie, soit l’intégrale de la rubrique ciné tenue dans Charlie Hebdo de 1979 à 1982, culte pour le petit culot qu’il lui fallut pour, selon ses dires, livrer cent critiques de films sans en voir un seul, « à l’aveuglette », « pour ridiculiser toute la critique cinématographique bidon », puisque « tous les journalistes sont des menteurs et des putes », note-t-il avec décontraction.

Pour compléter le tableau, ne restait plus qu’à...


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