Agnieszka Grudzinska / « Victimes, témoins : Les écrivains polonais face à la Shoah (1940-1960) » / aux éditions Classics Garnier - a podcast by RCJ

from 2016-12-27T00:00

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À propos du Livre


Victimes, témoins : Les écrivains polonais face à la Shoah (1940-1960)


(Éd. Classiques Garnier, 2016)


 

« Cet ouvrage traduit et commente des textes d'écrivains polonais qui, pendant la guerre ou peu après, ont réagi aux exactions nazies contre les Juifs. Leurs écrits témoignent d'un effort pour rendre compte de la catastrophe dans le langage de l'art (prose, poésie, fiction) » et Agnieszka GRUDZINSKA montre comment la Shoah est perçue par les Polonais depuis les années 40 jusqu’à nos jours.


Parmi ces écrits citons :


victimes temoins


Médaillons, un des exemples les plus frappants. A la libération de la Pologne, son auteur, de Zofija Nalkovska, participe à la commission d’enquête sur les crimes allemands. A partir de ses notes elle rédige son roman. Constitué de huit courts récits dont les protagonistes sont tous juifs. Ils sont rédigés sans traitement stylistique, d’où l’expression « écriture blanche ».
Un des personnages est Mordechaï Podchlebnik qui témoignera quarante ans plus tard dans Shoah de Claude Lanzmann. Bien qu’il ne soit question que de la Shoah dans cet ouvrage, il sera considéré dans la Pologne d’après-guerre comme un récit de la martyrologie polonaise sans aucune mention de la judéité des victimes, ce dont témoigne Agnieszka GRUDZINSKA qui se souvient de sa lecture obligatoire dans les manuels scolaires.
Un autre de ces récits, Près de la voie ferrée raconte l’évasion d’une femme d’un train de la mort. Elle est présentée comme une femme dans une situation extrême qui est exposée à la mort et que l’on ne peut aider. Une femme qui va mourir à cause de la guerre.
Juste après la guerre et jusque dans les années 60, le pillage des biens juifs était abordé puis, un lourd silence s’est abattu sur ces actes, une sorte de « pogrom verbal ».


Deux poèmes de Milosz Czelaw (Prix Nobel de littérature 1980) traitent de l’extermination des Juifs. Ils ont déclenché de violents débats. Témoin oculaire de la « liquidation », il écrit en voyant les flammes dévorer le ghetto de Varsovie. Il souligne le contraste entre la vie qui continue à Varsovie, avec le manège qui tourne près du mur du grand ghetto.


Dans Le monde de pierre, comme dans L’adieu à Maria, Tadeusz Borowski témoigne de la vie à Auschwitz avec violence et cynisme mais aussi avec un humour noir et grinçant, indispensable à la mise à distance des évènements qu’il y a vécus. Une autre forme d’écriture, sans pathos, sans sentiment.


Plus tard, dans les années 80, et plus particulièrement après la chute du Mur, les Polonais redécouvrent ce qu’a été le passé juif de la Pologne. Les archives s’ouvrent et ce sujet ressurgit avec force. Jan Tomasz Gross publie Les Voisins, Un Massacre de Juifs en Pologne, 10 juillet 1941 qui révèle les exactions commises par les Polonais eux-mêmes sur leurs voisins juifs. Il écrira par la suite sur le thème des exactions antisémites survenues après même la fin de la guerre. Son dernier ouvrage Moisson d’or traite des dénonciations suivies du pillage des biens juifs.


Aujourd’hui, la Pologne va mal. Les politiciens au pouvoir souhaitent retrouver une image de la Pologne d’avant la chute du communisme. L’image d’une Pologne innocente, pure, martyre, victime exceptionnelle dans l’Europe sous occupation nazie.
La censure renaît, les archives se referment et Jan Gross est menacé d’un procès pour avoir « calomnié le peuple polonais » !

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